« Bienvenue au Japon. »

L'asiatique faisait les yeux ronds. Son interlocuteur, un guide touristique, lui répétait cette phrase croyant qu'il n'avait pas compris. C'est juste que Long ne saisissait toujours pas pourquoi ni comment il en était arrivé là. Son frère lui avait dit qu'il devait, avec un enthousiasme de français devant un scone, se réunir avec toute la famille.
Oui mais Long n'en fait pas partie. Du moins, de son point de vue, étant donné qu'on l'avait traîné jusqu'ici. Comme s'il voudrait revoir le frère indigne, les autres poissons rouges et enfin, le représentant de la Nation sur laquelle il était depuis maintenant deux bonnes heures.

Le japonais, c'est simple, il peut pas le saké. Surtout depuis la Seconde Guerre Mondiale. C'est lui qu'il l'avait conduit à commencer la prostitution et la vente d'opium. Donc la famille, à part Hong, no thanks. Long s'en passerait bien. Oh et ce fichu guide.. Son frère était parti voir l'hôtel. Merci. Laisser un campagnard tel que Long dans une grande ville comme Tokyo, c'est déconseillé. En vue des circonstances, c'est comme laisser un nazi près d'un village juif avec une mitraillette dans les mains.

Ah la mitraillette. Dommage, Long en avait pas. Juste deux ou trois pétards cachés partout sur le corps.. On sait jamais.. Enfin passons. Le hong kongais scruta le paysage. Tranquillou pépérou les japonais. Oui, il est rancunier. Un peu, beaucoup. Néanmoins, tout ceci est justifié. Il ne savait pas que Japon avait reçu deux bombes nucléaires, et quand bien même il l'aurait sû, c'est un grand cri de victoire qu'il aurait poussé. Tout ces habitants n'avaient rien à voir avec 1993, mais les pardonner, c'est pardonner son soit-disant frère.

Hors de question. Long avança sans vraiment regarder où il allait, releva la tête en voyant un panneau. Encore un "Bienvenue au Japon.", plus personnalisé, tenu par quelqu'un de familier. Il aurait bien voulu rebrousser chemin, malheureusement il était à moins de dix centimètres de cette personne. Il ravala sa salive gardant son calme et avec un faux sourire commença la discussion.

« Bonjour. »

Son pigeon, son lit, tout lui manquait à ce moment précis. Dire qu'aujourd'hui ils repassaient les meilleurs Jackie Chan.. C'était du gâchis.